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Cours PDF | La mort subite

Cours Résumés de la 6ème année médecine

 Module : Médecine légale – Thanatologie

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1-Introduction

La mort subite se définit comme étant une mort naturelle, de survenue soudaine chez une personne en bon état de santé apparent. Le caractère naturel du décès exclut donc toute forme de mort violente (criminelle, suicidaire ou accidentelle) mais c’est le caractère inattendu et insolite du décès (le décès d’un sujet sportif au mieux de sa forme) qui va le rendre suspect, le transformant en un fait médico-légal, mettant en marche la procédure d’investigation sous l’autorité de la justice dans la but d’en déterminer le caractère naturel ou non et d’en préciser la cause conformément aux dispositions de la loi. C’est ainsi qu’un médecin sera requis afin de procéder aux examens nécessaires pour établir les circonstances du décès. 
Deux circonstances doivent être distinguées : 


– La mort subite est évidente, survenant chez une personne antérieurement malade suivie par un médecin avec un dossier médical disponible permettant d’orienter vers la cause du décès qui paraît expliquée. Dans ce cas, l’examen extérieur du corps avec revue du dossier médical peut suffire et le certificat de décès mentionnant la cause naturelle de la mort peut être délivré.
– La mort subite survient chez une « personne médicalement inconnue » ou a fortiori chez un sujet jeune et en « bonne forme physique » (sujet sportif, parfois de haut niveau) et chez qui elle prend un caractère suspect. Il est évident que, dans ce cas une autopsie est nécessaire. Le certificat de décès délivré suite à l’examen extérieur du corps doit mentionner l’existence d’un obstacle médico-légal à l’inhumation. Un médecin sera alors requis aux fins d’examens médico-légaux.



Les investigations médico-légales comportent plusieurs étapes successives : 


3-1- Recueil des commémoratifs :

Il a pour but de préciser les antécédents médicaux personnels et familiaux du décédé et la notion de traitements suivis. Il rassemble aussi les renseignements relatifs aux circonstances du décès (données préliminaires de l’enquête). C’est ainsi que sont précisés :

– le lieu, l’heure et le jour de la découverte du corps,

– l’heure du dernier contact vivant,



– l’aspect du corps lors de la découverte : coloration, position, tonus, rejets par le nez et/ou la bouche,


– l’environnement, les habits, la literie, la température ambiante, une éventuelle ambiance toxique,

– les gestes effectués pour le secours,
– le récit des dernières heures avant le décès (éventuels signes cliniques ou troubles fonctionnels et traitement administrés),

– le déroulement de la grossesse et de l’accouchement (pour la mort subite du nourrisson) ainsi que l’état de santé de la fratrie et les éventuelles morts subites antérieures .

Examen extérieur du corps:


– Sur les lieux du décès (levée du corps) :L’examen extérieur du corps a pour but de montrer les signes de la mort et de déterminer l’ancienneté du décès, des anomalies apparentes ainsi que certains éléments (habits, attitude du corps…). Les objets environnant le corps sont aussi notés. Toute la prudence est requise lors de cet examen compte tenu des conditions dans lesquelles il se déroule, toute précipitation peut être source d’erreur.


– En salle d’autopsie :L’examen du corps complète celui pratiqué sur le lieu de sa découverte ; il est plus complet, le corps étant dévêtu. méthodique et complet, avant et après déshabillage.
Dans la mort subite du nourrisson en particulier, il faut noter le poids, la taille, le périmètre crânien, les signes de la mort (rigidité, lividité), une coloration particulière de la peau (cyanose, pâleur …), une éventuelle déshydratation ou des éruptions, des lésions traumatiques ou traces de violences. Il faut préciser l’importance des habits et l’existence de sueurs (décès par hyperthermie). L’estimation du délai post-mortem peut être faite ici si le corps n’a pas séjourné à la morgue.


Autopsie :

L’autopsie doit être complète et méthodique, explorant les organes appareil par appareil.

Des prélèvements de fragments d’organes doivent être effectués en vue d’examens anatomo-pathologiques, en même temps que des échantillons du contenu gastrique et de liquides biologiques (sang, urines…) sont recueillis


pour analyses toxicologiques. Des examens biochimiques, microbiologiques …particuliers peuvent aussi être pratiqués selon l’orientation diagnostique. Ces examens prennent beaucoup d’importance dans l’exploration de la mort subite du nourrisson. La qualité des informations recueillies par l’autopsie dépend en grande partie de sa précocité par rapport à l’heure du décès et de son caractère complet et méthodique, conforme à un protocole pré-établi et systématique. 


Dans la mort subite du nourrisson, l’éviscération monobloc est la meilleure technique, entraînant en une fois l’ensemble des organes de la langue au rectum et permettant l’étude continue de la région oeso-gastrique. Des prélèvement liquidiens et tissulaires stériles doivent être pratiqués en début d’autopsie pour des recherches microbiologiques (virus), au niveau de certains organes dont le cerveau, la trachée, les poumons, le cœur, le grêle … La radiologie peut être d’un certain apport (malformations ? éventuelles lésions traumatiques). D’autres examens peuvent être pratiqués selon l’orientation diagnostique (recherche d’une maladie métabolique…).

Au terme de tous ces examens et à la lumière des résultats obtenus, un diagnostic étiologique peut être établi.


Etiologies de la mort subite :


Les étiologies de la mort subite de l’adulte restent dominées par :

 Les causes cardio-vasculaires : 
d’abord ischémiques. L’infarctus du myocarde est la cause majeure par les complications qu’il entraîne (troubles du rythme cardiaque, complications mécaniques voire même rupture du cœur). L’ischémie et l’infarctus peuvent être la conséquence d’une obstruction ou d’un spasme d’une ou de plusieurs artères coronaires.

Les causes cardiaques peuvent être non ischémiques, il faut en citer en particulier certaines valvulopathies (rétrécissement aortique), la cardiomyopathie obstructive, les péricardites…les maladies dysrythmiques. 


 Les autres causes :On peut en citer : 


* Les causes neurologiques dont l’hémorragie cérébro-méningée, certaines formes de méningo-encéphalites et l’épilepsie ; 
* Les causes respiratoires dont notamment l’asthme aigu grave, le pneumothorax suffoquant. 
* Les causes digestives et notamment les hémorragies, la perforation d’ulcère ou certaines occlusions
* Les causes endocriniennes dont l’hypoglycémie ou l’insuffisance surrénalienne aiguë.


Il faut se rappeler que, dans certains cas, l’autopsie pratiquée ne montre aucune anomalie pouvant expliquer la cause du décès, c’est le cas lors de l’hyperkaliémie ou de l’hypoglycémie mortelle ou des troubles du rythme cardiaque sans support organique. Seuls des dosages pratiqués au moment de la mort peuvent montrer ces anomalies biologiques. On parle dans ces cas d’autopsie blanche. 

La mort subite du nourrisson (MSN):La confrontation des différents examens pratiqués avec les renseignements cliniques apportés permet de distinguer trois catégories de MSN : Les MSN clairement expliquées, les MSN insuffisamment expliquées et les MSN inexpliquées (MSIN)


MSN clairement expliquées :Elles représentent une proportion variable de l’ensemble des MSN selon les études et les méthodes d’exploration utilisées. Les causes les plus fréquemment évoquées sont :


*Les infections du tractus respiratoire telles que les broncho-pneumopathies massives et bronchiolites oblitérantes.


* Les malformations graves, cardiaques, respiratoires, digestives, neurologiques


* Le reflux gastro-oesophagien (fausse-route) avec passage de matériel lacté dans les voies aériennes et dont il faut éliminer la régurgitation agonique. 



MSN insuffisamment expliquées :Il existe dans ces cas des lésions pathologiques habituellement non mortelles tels qu’une discrète inflammation de la sphère ORL, des anomalies mineures du système cardio-vecteur, un gros thymus…On dira seulement que ces anomalies peuvent avoir participé dans le mécanisme du décès. Le diagnostic étiologique de la mort subite du nourrisson reste donc un diagnostic de probabilité




MSN inexpliquées : Elles représentent près de 30% des MSN. Ces MSN restent totalement inexpliquées après un bilan diagnostique aussi complet que possible. Les lésions découvertes à l’autopsie sont banales et discrètes, sans aucune valeur étiologique : congestion multiviscérale diffuse, tâches de Tardieu… 
Les hypothèses étiologiques des MSN sont multiples, fondées sur l’immaturité de développement du nourrisson en bas âge sur le plan immunitaire et viscéral (tissu de conduction cardiaque, système nerveux autonome…). Le décès serait alors le résultat d’une sommation de facteurs où un élément déclenchant non toujours identifié (fausse-route discrète) entraînerait une cascade de phénomènes dont une stimulation vagale qui jouerait un rôle important dans la décompensation brutale d’un équilibre précaire, entraînant des troubles cardio-respiratoires irréversibles.
Aspects particuliers de la mort subite :


Mort subite et travail :La mort subite peut survenir au cours du travail, favorisée par l’effort physique ou par certaines conditions (travail dans la chaleur), voire même sans aucun facteur favorisant apparent. Elle est de ce fait prise en charge en tant qu’accident du travail en vertu du principe de la présomption légale d’origine. La relation de causalité juridique entre le décès et le travail ne peut être infirmée qu’en présence d’une preuve que la mort est due à une cause étrangère au travail, démontrée par l’employeur ou apportée par les investigations médico-légales (autopsie). 


Mort subite et traumatisme :La mort subite peut, tout en étant naturelle dans son mécanisme, avoir été provoquée par un traumatisme minime dans son intensité ou habituellement non mortel. Le décès peut en effet résulter d’une inhibition-réflexe suite à la stimulation d’une zone réflexogène du corps (rétine, larynx, glomi carotidiens, plèvre, péritoine, col utérin, testicule, anus…). Il peut être aussi la conséquence d’un phénomène compliquant un traumatisme non mortel par lui-même. C’est ainsi qu’une fracture osseuse rentrant dans le cadre d’un accident de la circulation ou du travail ou bien de violences physiques peut se compliquer dans les heures qui suivent d’une embolie graisseuse ou dans les jours ou mois qui suivent d’une embolie pulmonaire fibrino-cruorique favorisée par l’alitement prolongé. L’autopsie et la revue du dossier médical permettront d’établir la relation entre les deux évènements. Il est évident que le causalité est qualifiée dans ce cas d’indirecte.
Mort subite et acte médical :Une mort subite peut être liée à un acte médical suite à la stimulation d’une zone réflexogène comme nous venons de le voir ou au cours d’un acte d’anesthésie ou de l’administration d’un médicament (allergie) générant un problème de responsabilité médicale. Il est de règle dans ce cas de mentionner l’existence d’un obstacle médico-légal à l’inhumation sur le certificat de décès, d’informer la justice (poste de police ou de la garde nationale le plus proche) qui ordonnera la pratique d’investigations médico-légales en vue de déterminer la ou les cause (s) du décès permettant d’établir les responsabilités. Le dossier ou la fiche médicale doit être, comme il est d’usage, tenu (e) dans un lieu sûr pour être remis (e) à la justice quand celle-ci le demandera.
Conclusion :A RETENIR :

– La mort subite est une mort naturelle.

– Elle reste dominée chez l’adulte par les causes cardio-vasculaires.



– La mort subite du nourrisson peut rester d’étiologie inexpliquée dans un tiers des cas, même après exploration complète.


– La mort subite fonctionnelle ne s’accompagne d’aucune lésion viscérale typique visible à l’autopsie (autopsie blanche).


– La mort subite peut soulever des questions de responsabilité quand elle survient après un traumatisme ou l’administration d’un produit médicamenteux. L’étude du dossier médical et l’autopsie permettent de répondre à ces questions.

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