Les PneumoconioSes, SilicoSe
Définition:
Les pneumoconioses sont définies par Parkes
comme les maladies
pulmonaires non néoplasiques résultant de l’inhalation de particules
(poussières minérales ou organiques). On distingue trois variétés :
pneumoconioses
de surcharge sont observées après l’inhalation de particules
inertes : fer, titane, antimoine, charbon pur, talc pur, baryum… Ces
pneumoconioses sont caractérisées par des anomalies radiologiques (résultant de
la densité des particules), peu ou pas de troubles fonctionnels : sidérose
pneumoconioses
fibrogènes sont observées pour les particules possédant une
cytotoxicité propre: la silice « type nodulaire « et l’amiante
« type interstitiel «.
pneumoconioses mixtes,
lors de l’inhalation de mélange de particules. Il s’agit du cas le plus
fréquemment rencontré en milieu professionnel. sidéro-silicose.
LA SILICOSE:
Liée à l’inhalation de poussières de silice libre ou bioxyde de silicium (SiO2), est de
loin la plus importante des pneumoconioses fibrogène.
LES ETIOLOGIES:
Il existe trois types de silice cristalline : le quartz, la
cristobalite et la tridymite. Le quartz représente la variété
minéralogique de loin la plus fréquemment rencontrée. Lors du chauffage de la
silice (au-delà de 1000°C), le quartz peut se transformer en cristobalite puis
tridymite, dont le pouvoir fibrogène est plus important. Par contre, les
silices amorphes (la principale variété étant représentée par les terres de
diatomées, squelettes d’animaux marins microscopiques) ne sont pas considérées
fibrogènes. Néanmoins, le chauffage de silice amorphe peut conduire à la
formation de silice cristalline (cristobalite).
Les sources d’exposition peuvent être
schématiquement classées en 03 grands secteurs:
*les secteurs “d’extraction” :
mines
(mines d’or, mines de charbon, mines de fer…), où le risque silicogène dépend
du pourcentage de silice cristalline (en général quartz) de la roche mère.
C’est en particulier au cours des travaux d’approche de la veine de minerai que
survient l’exposition la plus importante, d’autant plus que le travail est
effectué en atmosphère confinée (tunnel) voire en milieu hyperbare
carrières
(en particulier carrières de granit, dont le pourcentage de quartz varie entre
10 et 30 %)
creusement
de tunnels.
*secteurs
“d’utilisation” de la silice cristalline :
fonderies
+++
(le sable est employé au niveau des moules)
industrie
du verre +++ (utilisation de “farine de silice”
comme matière première)
cristallerie
industrie
de la céramique (carrelage, sanitaire)
fabrication
de briques réfractaires
fabrication
ou utilisation d’abrasifs, en particulier de sable (quartz) au cours
d’opérations de ravalement, ponçage. Un secteur professionnel particulièrement
concerné est représenté par les prothésistes dentaires qui effectuent des
opérations de polissage à l’aide d’abrasifs contenant du quartz.
La clinique :
Silicose simple
La maladie est d’apparition lente et progressive, et peut évoluer en
quatre temps :
1 – Une phase latente,
uniquement radiologique, sans aucun signe clinique d’appel, peut durer de 10 à
30 ans ;
2 – Une phase d’état avec
apparition de signes fonctionnels non spécifiques (toux et expectoration)
évoquant une bronchite
chronique banale. L’examen clinique est souvent normal à ce stade. Une
dyspnée d’effort peut apparaître progressivement. L’évolution est émaillée
d’épisodes de surinfection
bronchique, d’un emphysème. Seule la mélanoptysie des mineurs de charbon
(expectoration noirâtre) est spécifique, mais il s’agit signe
tardif et rare.
3 – Une phase
d’insuffisance respiratoire, avec dyspnée d’effort de plus en plus marquée,
persistant au repos, témoignant de la gravité de l’atteinte respiratoire ;
4 – Une phase
d’insuffisance cardiaque droite, stade ultime de l’évolution avec
apparition de signes de
cœur pulmonaire chronique. Elle résulte de la fibrose cicatricielle des
vaisseaux pulmonaires et des conséquences de l’insuffisance respiratoire
3 –
rare, la silicose aiguë est caractérisée par une évolution clinique,
radiologique et fonctionnelle rapide. Elle survient après une exposition intense,
parfois de courte durée, à
des concentrations élevées. Différentes formes ont été rapportées :
• une fibrose
interstitielle non nodulaire,
• une silicolipoprotéinose avec un aspect de pneumonie lipidique endogène avec
exsudat protéinacé et lipidique, PAS-positif.
L’évolution conduit rapidement
à une insuffisance respiratoire sévère.
Les signes cliniques sont tardifs et non spécifiques. Ils surviennent plusieurs années après les signes fonctionnels et radiologiques :
– Toux
– Dyspnée
– Broncho-pneumopathie chronique
– Auscultation normale en dehors des complications, sinon quelques râles bronchiques
De plus, des complications peuvent survenir :
– surinfection broncho-pulmonaire à germe banal ou à mycobactérie tuberculeuse ou non, à Aspergillus fumigatus pouvant entraîner des hémoptysies parfois dramatiques,
– pneumothorax spontané par rupture d’une bulle d’emphysème,
– nécrose aseptique de masses pseudo-tumorales,
– épisode d’insuffisance respiratoire aiguë,
– insuffisance cardiaque aiguë,
– cancer broncho-pulmonaire.
Radiologie :
Les anomalies radiologiques évocatrices de la silicose peuvent se voir sur la radiographie
standard du thorax. La tomodensitométrie du thorax permet une détection précoce et une
analyse précise des lésions :
– Opacités nodulaires rondes ou micro nodulaires : bilatérales +/- symétriques à
prédominance hilaire et parahilaire.
– Masses pseudo tumorales : de siège sous claviculaire et axillaire, évoquant des
cancers pulmonaires et qui sont dues à la confluence des opacités nodulaires
– Emphysème : hyperclareté prédominant aux bases
– Adénopathies hilaires bilatérales : lorsqu’elles se calcifient à leur pourtour réalisent
l’image en « coquilles d’œuf » pathognomonique de la silicose mais inconstante
Dans les formes avancées ou compliquées :
– Pneumothorax
– Pleurésie
– Images cavitaires
– Hypertrophie des cavités cardiaques droites
– Distorsion médiastinales
– Rétractions trachéales
Analyse du liquide de lavage broncho-alvéolaire :
Elle requiert une étude par microscopie
électronique. Elle a été proposée pour la mise en évidence de particules de
silice au sein du liquide de lavage pulmonaire quand la notion d’exposition
doit être confirmée. Son intérêt est cependant limité car elle ne différencie
pas un travailleur sain exposé à la silice d’un sujet silicotique
Formes CliniQues :
– Formes associées avec maladies immunologiques :
o Silicose-polyarthrite rhumatoïde : syndrome de Caplan-Colnet
o Silicose-sclérodermie :syndrome d’ Erasmus
o Silicose-glomérulonéphrite :
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– Formes évolutives :
o Silicose précoce : apparaît dans un délai d’exposition inférieur à 05 ans
o Silicose aiguë : évoluant en 2 à 3 ans
o Silicose tardive : apparaît 20 ans après exposition
Les explorations fonctionnelles respiratoires:
Souvent
sans parallélisme avec les anomalies radiologiques, les EFR permettent
d’évaluer une déficience fonctionnelle dans le bilan d’une pneumoconiose
reconnue. Elles sont utiles pour mesurer le préjudice.
Souvent normales à un stade initial, elles peuvent mettre en évidence :
– un syndrome restrictif (diminution de la capacité
pulmonaire totale), conséquence directe de la perte de l’élasticité du poumon
avec perturbation des échanges alvéolo-capillaires
– un syndrome obstructif (diminution du VEMS ou volume
expiratoire maximum seconde et du coefficient de Tiffeneau) car bronchite
chronique et emphysème sont souvent présents
– une insuffisance ventilatoire mixte, associant
syndrome restrictif et obstructif
La diminution de la diffusion du CO à travers la
membrane alvéolocapillaire témoigne des perturbations des échanges gazeux
Les gaz du sang sont longtemps normaux, puis
objectivent une hypoxémie accompagnée selon les cas, d’une hypo, normo ou
hypercapnie
Evolution :
Elle est lente et se fait vers l’aggravation qui se poursuit après l’arrêt de l’exposition vers
l’insuffisance respiratoire chronique puis l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP)avec
signes d’insuffisances ventriculaire droite
Les complications peuvent survenir :
– Surinfection par
o Mycobactéries typiques ou atypiques : altération de l’état général,
modifications des images radiologiques ; épanchement pleural…
o Germes banals : suppuration bronchopulmonaire,
– Nécrose cavitaire aseptique des masses pseudotumorales
– Aspergillome intracavitaire
– Pneumothorax
– Cancer bronchique primitif : de plus en plus fréquent
Il n’existe aucun
traitement spécifique curatif de la silicose. Seules
les complications et les manifestations associées peuvent faire l’objet de
traitements symptomatiques.
A voir aussi :
Examens :
>> QCM AVEC LE CORRIGÉ TYPE – MÉDECINE DU TRAVAIL <<
Documents :
>> COURS RÉSUMÉS DE MÉDECINE DU TRAVAIL (16) <<