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Jour 2 à Avignon : Frénésie, Chaleur, et Où est Passée Rachida Dati ?

À peine arrivé sur les pavés brûlants d’Avignon que le tourbillon commence.

Les conversations fusent : « Et tu n’as pas encore vu Nexus de Joris Lacoste ? », « Tu crois qu’on peut enchaîner Fusées à 17h et BREL à 22h à la Carrière Boulbon sans exploser ? » Chaque minute compte dans cette ville transformée en scène à ciel ouvert.

Et pendant que les festivaliers courent entre deux navettes, une question revient comme un refrain dans les coulisses : où est passée Rachida Dati ? La ministre de la Culture, attendue, commentée, espérée — ou redoutée — est absente de la scène depuis l’ouverture.

La Ministre, entre Polémique et Scénario Théâtral

Samedi, l’alignement des anciens ministres avait de quoi impressionner : Jack Lang, toujours flamboyant, bras dessus bras dessous avec Monique, vêtu de rose fluo, Rima Abdul Malak, Françoise Nyssen.

Le passé et le présent de la culture française s’étaient donné rendez-vous.

Mais aucune trace de Rachida Dati, absente du tableau. Certains ironisent : « Elle teste peut-être son programme Un été au camping sur l’île de la Barthelasse ».

D’autres, plus critiques, évoquent le préavis de grève déposé par la CGT Spectacle, prêt à s’activer si un membre du gouvernement venait à se montrer.

Un véritable dilemme à la Molière : elle vient, on proteste ; elle ne vient pas, on critique son absence. L’art de la dramaturgie politique à son paroxysme.

Les Incontournables du Jour : Nos Coups de Cœur

On adore : “Nôt” de Marlene Monteiro Freitas

Dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, un moment de magie brute et de transgression.

Marlene Monteiro Freitas s’inspire des Mille et Une Nuits pour mieux en déconstruire les codes.

Avec un souffle carnavalesque, elle offre une performance explosive mêlant gestes grotesques, voix possédées et beauté primitive.

Du 5 au 6 juillet et du 8 au 11 juillet, à 22h (1h45)
Lieu : Cour d’honneur du Palais des Papes
Expérience sensorielle et radicale, à ne manquer sous aucun prétexte.

On aime : “They Always Come Back” de Bouchra Ouizguen

Sur la Place du Palais des Papes, un ballet de corps ordinaires devient extraordinaire.

La chorégraphe marocaine réunit des amateurs pour une danse festive, libre, douce et engagée. Une utopie chorégraphique qui s’épanouit dans l’espace public.

 Ce soir à 19h (45 minutes, entrée libre)
Lieu : Devant le Palais des Papes
Une célébration du collectif, joyeuse et pleine de grâce.

On aime : “Fusées” de Jeanne Candel

Deux cosmonautes fantasques, des tuyaux d’aspirateur comme cordons ombilicaux, des tabourets en guise de fusée… Fusées est un hymne au théâtre de l’enfance, à l’imagination libérée, à la beauté de la fiction.

Petits et grands rient, s’émerveillent, réfléchissent.

Jusqu’au 8 juillet, à 11h et 17h (55 minutes)
Lieu : Théâtre Benoît-XII
Poétique, absurde, merveilleusement enfantin.

On y va avec prudence : “Le Canard Sauvage” de Thomas Ostermeier

Le metteur en scène allemand, grand connaisseur d’Ibsen, livre ici un travail d’une rigueur extrême, mais sans véritable émotion.

Malgré un jeu d’acteurs irréprochable, la pièce s’enlise dans une lecture poussiéreuse, presque muséale.

Jusqu’au 16 juillet, à 18h (3 heures)
Lieu : Opéra Grand Avignon
Pour amateurs d’intellectualisme scénique, mais peut décevoir les amateurs de théâtre vivant.

À Voir Absolument dans le OFF : “Noire” de Tania de Montaigne

Une expérience saisissante en réalité augmentée, portée par la voix de Tania de Montaigne, qui nous projette en Alabama en 1955.

Grâce à un casque immersif, on assiste à l’acte de courage de Claudette Colvin, adolescente noire arrêtée pour avoir refusé de céder sa place dans un bus à une passagère blanche.

Le public est plongé dans l’histoire. Le bus apparaît, Claudette se matérialise, fantomatique. On est au plus près de l’Histoire.

Du 12 au 18 juillet, de 10h à 19h45 (13 séances/jour)
Lieu : Grenier à sel
Durée : 40 minutes
Une œuvre bouleversante et inédite sur les droits civiques.

Le Billet : Rachida Dati, Star Inattendue du Festival ?

S’il fallait une actrice principale à ce Festival 2025, Rachida Dati pourrait bien décrocher le premier rôle. S

a seule présence — ou absence — suffit à faire couler l’encre, à créer le débat, à alimenter les scènes annexes du festival. Une performance politique digne des meilleures tragédies grecques.

Lire notre tribune complète sur cette dramaturgie bien réelle, entre comédie politique et art de l’évitement.

Et Demain ? Les Créations à Venir…

“La Distance” de Tiago Rodrigues

Nous sommes en 2077. Une fille vit sur Mars, son père est resté sur Terre. Comment communiquer ? Une fable interplanétaire sur l’amour, la mémoire et la séparation, signée par le directeur du festival en personne.

Du 7 au 26 juillet (relâche les jeudis)
Lieu : L’Autre Scène du Grand Avignon – Vedène (1h47)
Un voyage émouvant à travers le temps et l’espace.

🐫 “Magec / The Desert” de Radouan Mriziga
🎭 Éléments Détails
Artiste Radouan Mriziga, jeune chorégraphe marocain
Thème Exploration de la culture amazighe et du désert
Dates Du 7 au 11 juillet, et le 12 juillet à 22h
Lieu Cloître des Célestins (1h30)
Ambiance Une rencontre puissante entre tradition et modernité

“Delirious Night” de Mette Ingvartsen

Entre transe, carnaval et hystérie collective, la chorégraphe danoise plonge dans un univers où les corps se déchaînent.

Une pièce encore jamais jouée en France, qui évoque les rituels festifs médiévaux et les états d’euphorie collective.

 Jusqu’au 12 juillet, à 22h
Lieu : Cour du lycée Saint-Joseph (1h00)
Expérimental, troublant, viscéral.

Dans le Off : “L’Abolition des Privilèges” de Hugues Duchêne

Avec une plume acérée et un humour pince-sans-rire, Hugues Duchêne relie la nuit du 4 août 1789 à une méthode de contraception masculine aussi étonnante qu’historique : le slip chauffant. Oui, vous avez bien lu.

À découvrir dans le Festival Off
Une satire historique brillante, inventive, et totalement décalée.

Conclusion : Le Festival Entre Fiction et Réalité

Le Festival d’Avignon 2025, à l’issue de cette deuxième journée intense, a une fois de plus confirmé sa capacité à conjuguer grand art, tensions sociales et récits décalés dans une alchimie unique qui défie les frontières traditionnelles du spectacle vivant.

Les spectacles s’enchaînent sans relâche, porteurs de voix diverses et de sensibilités multiples. Les performances nous percutent, parfois nous dérangent, toujours nous questionnent.

Les absences et les silences eux-mêmes deviennent éloquents, donnant lieu à des interrogations profondes sur le rôle de la culture face aux mutations sociales et politiques contemporaines.

Pendant ce temps, les débats s’enflamment dans les cafés, les conférences et jusque dans les rues pavées d’Avignon, transformant la ville en une immense agora où chaque point de vue cherche à se faire entendre.

Le théâtre, ici, est total : il dépasse les murs des salles pour investir l’espace public, les esprits et même les sphères politiques.

Plus qu’un simple festival, Avignon devient un miroir tendu à la société française, un laboratoire d’idées, un terrain de confrontation et d’invention collective.

Et c’est peut-être là, dans cette tension permanente entre fiction et réalité, entre art et actualité, que réside l’essence véritable d’Avignon : un lieu où la France se regarde, se critique, se rêve et, peut-être, se réinvente.

  • Emilly Correa est titulaire d'un diplôme en journalisme et d'un diplôme de troisième cycle en marketing numérique, spécialisé dans la production de contenu pour les médias sociaux. Forte d'une expérience en rédaction publicitaire et en gestion de blog, elle combine sa passion pour l'écriture avec des stratégies d'engagement numérique. Il a travaillé dans des agences de communication et se consacre désormais à la production d'articles informatifs et d'analyses de tendances.